Dans la bataille contre la criminalité faunique aux frontières de la République Démocratique du Congo (RDC), l’effort conjoint de l’African Wildlife Foundation (AWF), de Juristes pour l’Environnement au Congo (JUREC) et de l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN) prend une nouvelle dimension. Une formation pointue destinée aux agents d’application de la loi et de contrôle à Kinshasa est actuellement en cours. Cette initiative vise à rehausser leur expertise dans l’identification des espèces réglementées par la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction) et à remédier aux lacunes du système judiciaire en matière de lutte contre la criminalité faunique en RDC.
Sous le thème « Renforcement de l’application de la loi par l’amélioration de l’identification des espèces et des spécimens« , cet atelier intensif de cinq jours, inauguré le lundi 25 mars 2024, cible spécifiquement les agents opérant à l’aéroport international de N’djili, l’un des principaux points d’entrée du pays.
La criminalité faunique, alimentée par des réseaux criminels sans scrupules, engendre d’énormes profits au mépris des lois nationales et internationales visant à protéger les ressources naturelles. Comme le souligne Joe Kasongo, Senior Legal Officer de l’AWF, « Nous sommes confrontés à un problème persistant résultant du manque d’application des lois. Une décennie après la promulgation de la loi sur la conservation en 2014, aucune mesure d’application concrète n’a été prise, rendant ainsi son exécution problématique.«
Le programme d’application de la loi, initié par l’AWF dès 2020, s’emploie à renforcer la détection des activités de contrebande et à intercepter les trafiquants de faune sauvage en renforçant les capacités des agents à tous les niveaux.
La formation actuelle, financée par le Bureau américain des affaires internationales de stupéfiants et d’application de la loi (INL), constitue une étape cruciale dans la lutte contre la criminalité faunique. Comme le souligne Jean Joseph Mapilanga, coordinateur de la CITES en RDC, « L’identification des criminels nécessite une formation continue pour actualiser les compétences des agents aux points d’entrée et de sortie du pays.«
Des résultats tangibles commencent à émerger de ces initiatives. Joe Kasongo rapporte un exemple récent : « L’année dernière, des agents formés ont réussi à arrêter un ressortissant chinois qui tentait de quitter le pays avec 3 kg d’écailles de pangolin dissimulées dans une boîte de lait. Cet exploit témoigne de l’impact positif des techniques enseignées lors de nos formations.«
L’ampleur de la dégradation de la faune en RDC nécessite une mobilisation générale, tant au niveau politique que parmi les acteurs engagés dans la protection de la biodiversité, afin de mettre un terme à ce fléau.